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Le Blog de Véronique
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24 Découverte du Nord du Kenya
2018-09-09Découverte du Nord du Kenya
2018-09-09Pourquoi le Nord ?
Tim travaille à la British High Commission (BHC ) sur les projets de Hunger Safety Net Programme.
"The first phase of the Hunger Safety Net Programme (HSNP) in Kenya—from 2009 to 2012—reached 69,000 households in four northern counties with a cash transfer payment every two months. Phase 2 expanded coverage within the same four counties: Marsabit, Mandera, Turkana, and Wajir. Households receiving the regular bi-monthly cash transfers were selected from the poorest 10 percent in each county, using a combination of Community-Based Targeting and Proxy Means Testing. A scalable emergency cash transfer response to droughts was built for 470,000 households, which were provided with bank accounts and cards in advance to facilitate rapid transfers.The goal of HSNP2 (2014-2019) was to continue to reduce poverty, hunger, and vulnerability in the focus counties, resulting in better and more sustainable safety nets for poor and vulnerable households.
Through HSNP, more than 600,000 of Kenya’s most vulnerable people had access to cash transfers on a regular basis and up to 2.1 million people were reached with emergency cash transfers in times of drought or flood".
...
Des régions désertiques ou semi-désertiques où les conditions de vie des populations sont extrêmement difficiles et précaires. J’étais très curieuse de m’éloigner des chemins touristiques et de mettre des images sur ses récits et Tim souhaitait y aller en dehors du cadre du travail. On a chargé la voiture de bouteilles d’eau, de bières et de gin tonic, de cartes détaillées des régions, de lampes de poches, etc. Cette fois, on a emporté une pelle et 6 m de cordes pour le cas où on s'embourberait … La BHC nous a fourni l’équipement satellite pour rester joignable en cas de pépin. Rien à signaler du côté sécurité, on commence le périple.
Jour 1 : Nairobi - Isiolo (290 km) – vendredi 24 août
Tôt le matin, nous avons pris la route pour le Mont Kenya (qui m’attend toujours pour l’acension) en passsant par Thika et Nanyuki.
Petite pause pour un repas au Trout Tree Restaurant, un restaurant perché dans un arbre magnifique où l’on peut déguster de savoureuses truites et un pain fait maison, à 13 km au sud de Nanyuki. Le plus amusant c’est d’observer les colobes essayer de voler les restes de nourriture et le personnel de les chasser. De la belle terrasse, on peut découvrir la ferme d’élevage de truites.
En route, je me demandais où pouvait bien se trouver le camp de prisonniers italiens, d’où 3 enragés de montagne se sont échappés en 1943 pour se lancer à l’ascension du Batian (5199m) pour ensuite revenir au camp. Cette histoire extraordinaire a été relatée par Felice Benuzzi (Fuga sul Kenya – 17 giorni di libertà ) dans son livre traduit en anglais. (No Picnic on Mount Kenya )
The French edition helped inspire Roland Truffaut’s August 1952 expedition to Mt Kenya, described in From Kenya to Kilimanjaro (London, 1957), during which the home-made crampons and other equipment of Benuzzi and Balletto were retrieved from Hausberg Col. These were later donated, with Benuzzi’s permission, to the Musée de La Montagne, Chamonix. (Benuzzi’s flag and message-bottle left on Lenana had been retrieved by English climbers; they were returned to Benuzzi who donated them to the Museo della Montagna, Torino.)
Felice Benuzzi was born in Vienna on 16 November 1910 and grew up in Trieste, doing his early mountaineering in the Julian Alps and Dolomites. He studied law at Rome University and represented Italy as an international swimmer in 1933–35. He married in 1938 and had two daughters, one of whom, Daniela, married American diplomat Alan Ford. Benuzzi entered the Italian Colonial Service in 1938 and served in Italian-occupied Abyssinia, where he was captured by Allied forces when the country was liberated in 1941. He was imprisoned in Kenya (Nanyuki and Gilgil). Repatriated in August 1946, he entered the Italian Diplomatic Service in 1948, serving in Paris, Brisbane, Karachi, Canberra, West Berlin, and (as Head of Delegation) at the United Nations, before his appointment in 1973 as ambassador in Montevideo. Benuzzi retired to Rome (Via Nepi, 13), serving in retirement as Head of the Italian Delegation for the Antarctic. He died in Rome in July 1988. The col between Point Dutton and the Petit Gendarme on Mount Kenya has been named Benuzzi Col in his honour.
Adaptation au cinéma: In 1953 an episode of Robert Montgomery Presents was based on an adaptation of this book starring George Chandler. A film adaptation The Ascent was made in 1994. The screenplay was written by David Wiltse and the filming directed by Donald Sheb.
On quitte les flancs verts du Mont Kenya et ses riches plaines agricoles pour descendre brutalement de plusieurs centaines de mètres dans un autre monde semi désertique. La température est soudain caniculaire. Finie la fraîcheur du Mont Kenya.
Quel contraste !
Isiolo marque la frontière entre les hautes terres verdoyantes et le Nord désertique.
Isiolo n’offre rien de bien émouvant mais c’est une ville de ravitaillement avant le Desert du nord; des banques (un distributeur sur 3 fonctionne) , des petits stands, un marché, de l’essence, quelques hôtels, une mosquée ! La ville est majoritairement peuplée de Somalis. Quelques hommes aux yeux dilatés fondent sur nous… mais un peu de harcèlement n’a jamais tué personne.
Notre voyage va être aussi une découverte des nombreuse ethnies kenyanes. Nous laissons les Kikuyu derrière nous pour rencontrer les Samburu, les Turkana, les Rendille et les Boran.
Nous prenons une “suite” (!) au Bomen Hôtel (que nous avons nommée “la suite de Zoé). OK, bon mais le personnel n’a aucune notion de catering. Et moi, j’ai enfin compris qu’il ne fallait jamais commander de vin mais se contenter de bière ou d’eau ou de coca !
Jour 2 : Isiolo - Marsabit
Départ au matin après un café qui relevait plus d’une eau marron. Il n’existe pas de culture du café au Kenya qui pourtant en produit.
La route, l’A2 , relativement récente est toute droite et bien meilleure que les routes autour de Nairobi. C’est une large route goudronnée qui traverse des paysages d’acacias clairsemés et des collines. Nous traversons des rivières asséchées, des passages contrôlés par la police.
Première halte à Archer’s Post. Du pont, à l’entrée de la bourgade, on peut observer des hommes travailler sur les rives du fleuve Ewaso Ngiro la rivière brune. Quelques beaux specimens de crocodiles s’y prélassent.
Nous nous promenons avec un jeune guide improvisé dans le marché au bétail. Il est difficile de prendre des photos ou alors il faut payer.
Les chèvres "fat tail" ont des réserves de graisse dans leur queue pour leur permettre de survivre en période de sècheresse.
Les Samburu sont étroitement liés aux Maasai d’Afrique de l’Est. Ils parlent un langage similaire, dérivé de Maa, qui s’appelle Samburu..
Les Samburu sont des pasteurs semi-nomades. Les bovins, ainsi que les moutons, les chèvres et les chameaux, sont de la plus haute importance pour la culture et le mode de vie des Samburu. Les Samburu sont extrêmement dépendants de leurs animaux pour leur survie.
Traditionnellement, les hommes s’occupent du bétail et sont également responsables de la sécurité de la tribu. En tant que guerriers, ils défendent la tribu contre les attaques des hommes et des animaux. Ils vont aussi faire des raids pour essayer de prendre du bétail des clans rivaux de Samburu. Les femmes Samburu sont chargées de récolter les racines et les légumes, de s’occuper des enfants et de collecter l’eau.
Les garçons sont circoncis à partir de 8 ans. Les filles excisées puis mariées vers l’âge de 15 ans.
Nous reprenons la route, la Trans-East-African Highway (A2) en direction du Nord.
Imaginez un âne traversant la voie expresse ! Suis un peu nerveuse de constater que Tim ne freine pas …
Les dromadaires (camels en anglais) vont nous accompagner tout au long du voyage.
Des ponts sur des rivières asséchées. Petite pause au bord de la rivière… en face, des enfants viennent chercher de l’eau d’un puits.
Des églises, il n’en manque jamais dans ce pays … notre florissant héritage passé qui perdure et perdure …
Tout au long de la piste – une route goudronnée est en construction pour rejoindre South Horr et les champs d’éoliennes en construction au sud du lac Turkana – des gamins surveillant leur troupeaux de chèvres courent sur le bord de la route en faisant toujours le même signe de la main qui signifie “arrête-toi, donne moi de l’eau, des bonbons ou de l’argent”. Leur anglais est rudimentaire mais précis et sans équivoque !
A l’entrée d’un village, des petits garçons s’approchent de la voiture en courant criant “how are you ?” alors que nous photographions un magnifique troupeau de dromadaires. Ils ont tous reçus 10 cents, fallait voir leur joie !
Le village est caché entre des montagnes, verdure et belles parois d’escalades tout autour ! Au centre du village endormi, un conseil d’homme se tient … des stands le long de la rue principale. On achète 2 cocas, on parle un peu avec la population – ils nous regardent comme des ONIS – pas de photo. Les femmes sont magnifiques dans leur habits colorés. Leur visage ont une certaine noblesse indéfinissable. On repart et c’est moi qui conduit, histoire de leur montrer que c’est possible même si on est une femme !
En partant, Tim voit un panneau Equity Bank et décide d’aller parler à la responsable pour vérifier si les habitants du village bénéficient du Cash Transfert. La réponse est positive. ce sont des populations à risque pendant les périodes de sècheresse.
Moyale, dernière ville kenyane à la frontière avec l’Ethiopie. Nous rejoignons l’A2 à Laisamis pour terminer cette 2e journée à Marsabit. Nous traversons le village de Mérille, la communauté Rendille
Le long de la route, une région très pauvre, semi-désertique faite de cailloux. C’est à cet endroit que la Secrétaire d’Etat au Développement International, Penny Mordaunt a rencontré les populations démunies du Nord Kenya cette année. Tim faisait partie de l’équipe qui l’accompagnait.
Les huttes Samburu sont construites avec de la boue, de la peau et des tapis d’herbe tendus sur des poteaux. Une clôture épineuse est construite autour des huttes pour la protection contre les animaux sauvages. Ces colonies sont appelées manyattas . Les cabanes sont construites de manière à pouvoir être facilement démontées et transportées lorsque les Samburu déménagent dans un nouvel endroit.
Jour 3 : Marsabit
Brutalement, le route s’élève vers le Mont Marsabit, cerné au nord par le désert de Chalbi et au sud par celui de Kaisut.
La ville, très animée, est située dans une zone montagneuse couverte d’une forêt tropicale. L’air chaud des déserts s’élève et ,se rafraîchit avec l’altitude et forme des nuages de pluie. Il pleut presque tous les jours. Incroyable de constater la dramatique sécheresse des provinces environnantes à seulement quelques kilomètres de là.
L’hôtel Jirime à Marsabit est désert. Peu de touristes dans cette région. On nous donne une “suite” avec des lampes dorées et un plafond rose. Un peu tristounet comme ambiance. Le personnel est gentil mais manque totalement de formation hôtelière.
A Marsabit, on croise toutes les ethnies du Nord du Kenya et de l’Ethiopie, Borans, Gabbras, et Rendilles. Les tribus nomades viennent avec leurs bêtes au marché aux bestiaux. C’est un point d’eau important avant la traversée du désert.
Sur la route qui mène au parc, nous nous arrêtons devant un puits. Les gens remplissent leurs géricanes jaunes d’eau potable.
A côté, des femmes font leur lessive.
Nous quittons la ville par une piste et à environ 7 km nous empruntons un chemin menant vers un cratère dont le fond est tapissé d’une dense végétation.
Après l’excursion au cratère, nous retournons à Marsabit, en passant par une carrière de pierres. Nous sommes en route pour le Parc National de Marsabit.
Nous pénétrons par l’entrée Ahmed, du nom de l’éléphant ayant reçu une protection spéciale du président kenyan en raison de la taille spectaculaire de ses défenses qui, depuis sa mort (naturelle) sont exposées au Musée national de Nairobi.
Ça prend toujours un peu de temps à l’entrée … la connection pour le paiement par Mpesa n’est pas toujours au rendez-vous mais ça permet de discuter avec le garde et de recueillir de précieuses infos.
Le parc national de Marsabit, c’est une magnifique forêt dense recouvrant la montagne mais qui rend malheureusement difficile l’observation de sa faune; grand koudous, buffles, girafes, caracals, zèbres, lions,… On se retrouve pratiquement seuls, le parc souffrant également de son isolement.
Mais ce qui fait sa beauté, ce sont ses trois lacs volcaniques, appelés gofs.
Le premier lac, à proximité de l’entrée se nomme Gof Solorke Dika. C’est là que se trouve le Marsabit Lodge, fermé, victime économique de l’isolement du parc. Dommage car le cadre est superbe. Tim discute avec le gardien sur ce qui pourrait être fait pour développer la fréquentation touristique. Un peu triste tout comme le Lodge qui aurait besoin d’un bon coup de rénovation.
Au bord du lac, une multitude d’oiseaux …
Jour 4 : Marsabit – North Horr
Nous quittons Marsabit et prenons la piste qui traverse toute cette partie désertique du Kenya.
On se sent seuls loin de tout. C’est le début d’une aventure excitante et incomparable. Les paysages se succèdent très différents.
Oui, des gens vivent ici même si cela peut sembler surprenant, presque inconcevable… des nomades...
Fidèle présence des dromadaires tout au long de la piste. Tim est tout excité devant le spectacle de leur bosse remplie de graisse, signe de bonne santé qui leur permettra d’affronter les périodes de vaches maigres pendant la sècheresse. Un peu comme les chèvres samburus qui elles aussi ont des réserves de graisse dans leur queue.
Nous avons décidé d’éviter le désert de Chali suite aux recommendations d’un voyageur kenyan. “You go there, you don’t come back”. En fait la piste a terriblement souffert des dernières pluies et nous risquons d’être bloqués.
Par sagesse, après le village de Maikona qui regroupe les tribus Borana et Gabbra, nous prenons la direction de Kalacha, un village Gabbra. La chaleur devient écrasante. Après plusieurs heures de route et de nombreux dromadaires nous traversons Kalacha.
Ici aussi, les déchets sont un problème. Le vent soulève les plastiques qui s’accrochent aux clotures.
A partir de Kalacha, l’étape suivante est North Horr.
Le sourire … Rencontre amicale avec l’homme qui surveille ses dromadaires. Si tu photographies mes dromadaires, tu payes, c’est tout.
Fatigués, nous atteignons enfin North Horr. Plus question de poursuivre jusqu’au lac Turkana aujourd’hui. C’est encore 3 à 4 heures de pistes incertaines et dans la nuit.
North Horr, c'est un gros village au milieu du désert. Des rues balayées par le sable, une église et une école construite par des missionnaires allemands. Dans le village, nous rencontrons un homme qui nous conduit à un "hôtel"… que sa mère tient à la sortie du village. Bienvenue au Northern Palms Shade Hotel !
La chambre est basique. Un lit et une moustiquaire. Et un minuscule oreiller en synthétique rose à se partager. On étouffe, pas d'air, mieux vaut ne pas trop bouger... Derrière l'abri qui est le bar et la salle à manger , des tas de bouteilles de bière. Plus loin dans la cour, des femmes cuisinent.
Le soir, la mère nous cuisine du poisson et du riz. La nuit nous coûte 1000 KES, le diner 2000 ! Son fils, lui, déjà bien saoul en fin d’après-midi, poursuit sa consommation d’alcool et devient un vrai pot de colle.
Nous marchons à l’extérieur du compound et rencontrons quelques villageois, un instituteur et des enfants. J'essaye de m'exprimer dans mon kiswahili de base ... qui rompt la glace pour ce qu'il vaut. Un peu à l’écart des autres, deux habitations, des femmes et leurs enfants. Notre “guide” nous explique avec dégoût qu’elles sont des “out casted”… des femmes de mauvaise vie ! Il commence sérieusement à me révolter cet idiot. Même sa mère le rabroue et lui dit de rentrer chez lui.
Nous sommes à la périphérie du village, proche de l’oasis où les villageois emmènent leurs bêtes le matin. Et le sable partout.
Jour 5 : North Horr - Lac Turkana
Nous retournons vers les villageois bien décidés à rencontrer ces femmes mises au ban du village. Refus de se marier à l'homme choisi, ou relations sexuelles hors mariage, elles sont les victimes d'une culture que nous avons connue en Europe il y a de nombreuses années - ou pas si lointaines que ça. Je n'ose imaginer la vie, l'avenir de leurs enfants. Nous leur donnons un peu d'argent.
Autour, les femmes et les enfants du village qui conduisent leurs chèvres vers l'oasis nous observent parlant aux “femmes” outcasted. Les enfants sont moins timides ce matin.
La source d'eau, source de vie, est le point d'attraction principal de North Horr. Des centaines de dromadaires, de troupeaux de chêvres viennent s'y désaltérer.
Avant de quitter le village, nous tentons de trouver un endroit pour boire un café ! Nous retournons dans le centre. Les visages ne sont pas très accueillants. Pas question de prendre en photo les hommes avachis sur le sol mâchant des feuilles de Kat, une drogue stimulante. On nous indique un bar. Une femme somalienne nous emmène dans l'arrière cour et prépare le café. Broyer des grains, ça prend du temps, tant de temps pour nous qui vivons à toute allure. Ici le temps ne compte pas. On prend son temps et c'est tant mieux. Mais le café était quand même très très clair !
Avant de quitter North Horr, Un petit détour pour visiter l'église des missionnaires, vide. Des enfants dans la cour de l'école.
En quittant le village, nous traversons sa magninfique oasis. Puis c'est à nouveau le désert. La route vers le lac Turkana est une sacrée aventure. Parfois nous roulons tout simplement sur des blocs de pierres. Une voiture nous précède et nous décidons de rester ensemble. De nombreux arrêts pour déplacer les pierres... Puis la piste redevient sableuse. Peu de plantes, parfois un buisson épineux et des boules suspendues aux branches - probablement le repas idéal pour les dromadaire - plus loin de longues tiges à même le sol portant de grosses boules jaunes. Nous avons rencontré un véhicule transportant des passagers.
Au bout de plusieurs heures la route descend et soudain nous apercevons le lac Turkana dans le lointain. Quelques tribus isolées sur le bord de la route nous font signe. La présence d'aide au développement est importante dans cette région, la plus pauvre du Kenya.
Nous faisons une halte pur prendre une photo du lac. Soudain un jeune Turkana surgit menaçant, une pierre à main, hurlant... Il m'accuse de photographier ses chèvres ! Tim lui répond par un grand sourire et tout se termine par une rencontre paisible. Bien sûr il lui a donné un peu d'argent, ça aide. Des jeunes rejoignent notre voiture et nous demandent de façon très insistante de les conduire à Loiyangalani une petite ville située sur la côte sud-est du lac Turkana et qui sera notre destination finale de la journée. Comme à chaque fois, on leur raconte que c'est une voiture de l'ambassade et qu'on a pas le droit de prendre des passagers. La température au bord du lac est vraiment suffocante pour la savoyarde que je suis. Nous logeons au "Oasis Lodge" situé près de la piste d'atterrissage.Ce lodge, c'est un vrai luxe par rapport à la nuit précédente. L'endroit est désert ou presque mais il y a un bassin d'eau "froide", des arbres, de l'ombre et une douche dans la chambre. Nous décidons de marcher un peu dans le village, poussière, quelques étals, un grande pauvreté. Puis nous prenons un chemin qui mène au lac sans trop savoir combien de temps il nous faudra pour y parvenir. Un homme "âgé", probablement de notre âge à qui nous demandons notre route nous accompagne. Mais la chaleur est insupportable, mon visage prend la couleur d'une tomate italienne et je me sens mal. On renonce et sur le retour on se paye un coca frais ! On y retournera plus tard et en voiture regarder le coucher de soleil. Quelques bateaux de pêche, un hangard en mauvais état.
Je me souviens que la ville de Loiyangalani a servi de décor au roman de John le Carré, La Constance du jardinier et a également été le lieu de tournage du film tiré du roman.
Nous sortons nos sièges, une bouteille de vin blanc, 2 verres et nous voilà à admirer le calme de la nuit qui tombe sur le lac.
Jour 6 : Lac Turkana - La tribu El Molo - Archers Post
Nous partons rencontrer la plus petite tribu du Kenya, les El Molo qui vivent regroupés dans 2 villages autour du lac Turkana, le plus salé des grands lacs d'Afrique. Un jeune guide nous accompagne. Il embrasse son ami d'enfance et ne le quitte plus. Ils sont touchants tous les deux. La visite est bien organisée. On donne une certaine somme d'argent au responsable du village et ensuite on peut se promener et poser des questions aux habitants. On se sent bien immédiatement. Ce petit groupe ethnique ne compte que 200 personnes de pur sang. Ils ont toujours été paisibles, calmes et non-violents contrairement à leurs voisins.
Les El-Molo vivent encore dans de petites huttes en forme d’igloo faites d’acacias et de palmiers, construites sur les rives du lac Turkana. Ils vivent essentiellement de la pêche et du tourisme.
Le N°2 du village - il dit que le N° 1 c'est sa femme - nous accompagne vers les huttes où les pêcheurs vident le poisson (tipalia) avant de le déposer sur les toits. Ils ont les dents rouges à force de boire l'eau du lac très salée. Plus loin deux femmes s'activent à la construction d'une nouvelle hutte. Les autres ont déposé par terre leur fabrications artisanales.
Mais on ne va pas revenir avec un collier cette fois! Tim a remarqué un vieil homme portant un petit tabouret de tête, et comme il n'en possède qu'environ 150, celui-ci il le lui faut absolument. On négocie et le vieil homme rayonne de joie. Il a gagné sa journée. D'ailleurs il nous demande de rentrer avec nous à Loiyangalani où il va acheter un cadeau pour sa fille. Les hommes jouent paisiblement au ... . La douceur de cette ethnie est vraiment "belle". Un vrai bon moment.
Nous quittons le lac pour notre prochaine étape. A nouveau la voiture cahote sur des cailloux. Parfois une hutte isolée dans cette caillasse. Je me demande comment ils font pour survivre. La route s'élève et débouche sur un plateau parsemé de centaines d'éoliennes, un grand projet pour le Kenya qui devrait maintenant raccorder l'électricité au lac Navasha. Par contre, l'électricité ne bénificiera pas à Loiyangalani qui restera plongée dans l'obscurité dès la tombée de la nuit.
Nous traversons South Horr. Au bout de la piste, après troupeaux de chèvres et dromadaires, nous arrivons à Archers Post et nous nous installons au Camp Umoja dont la responsable est connue des médias pour avoir créer un refuge pour les femmes violées, battues ou qui refuse d'être mariées très jeunes.
Jour 7 : Archers Post et visite de la réserve Samburu
La réserve Samburu est l'une de mes préférées. Dans la savane, des zèbres Grevy se battent...
Les girafes réticulées baladent leur long cou nonchalamment, des bébés éléphants se prélassent dans les pattes de leur mère protectrice, les lions et leur progéniture font un festin d'un buffle, tandis qu'un crocodile nous surveille d'un oeil, la gueule entreouverte.
Jour 8 : Archers Post - Shaba National Reserve - Maralal
A quelques kilomètres seulement de la réserve Samburu se trouve Shaba National Reserve. De beaux paysages, peu d'animaux, un très beau lodge. Nous avons bu un verre au Savora Lodge... avec l'histoire de ce crocodile ayant accidentellement atterri dans la piscine du lodge après une crue de la rivière.
On the road again !
Nous quittons la Réserve et prenons la direction de Maralal où se tient un grand rassemblement et la fameuse course de dromadaires que nous voulons suivre. Après un calendrier très incertain et de nombreux coups de téléphones, elle doit se tenir demain.
La route traverse une plaine presque inhabitée, avant d'attaquer les montagnes. Nous ne rencontrons que très peu de monde. C'est une région isolée. Pourtant je sais que non loin de la piste, il y a des habitations isolées, peut-être des villages. Parfois un troupeau de chèvres, un enfant qui surgit , un homme nu qui se lave dans la rivière.
Nous traversons une zone montagneuse. Notre voiture va encore se montrer à la hauteur de sa mission presque impossible. On ne s'arrête guère en route même lorsque des hommes nous font signe de stopper. Pas trop rassurante cette région.
Au sommet du col, un policier nous arrête. Il veut qu'on lui donne de l'argent pour son travail de surveillance... il dit qu'il y a des attaques dans le coin. Bon, on paye :-) ... et je m'abstiens de le prendre en photo. Sujet sensible, il est armé et convaincant...
Nous avons atteint un haut plateau venté. Des hommes gardent des troupeaux, quelques habitations. On se sent loin de tout.
Nous arrivons finalement près de Maralal. On s'arrête pour échanger quelques mots avec un jeune homme très souriant. Comme tous les Kenyans, il va marcher des heures pour se rendre à la fête. De gros travaux sur la route, une compagnie chinoise ? Des enfants en uniformes, héritage britannique, sortent de l'école.
On y est ! Le festival , le Camel Derby de Laralal.... une grande fête !
"Cette course de chameaux mythique se déroule chaque année dans le petit village de Maralal, à 350 km de Nairobi. Elle se déroule sur 3 jours environ et comporte 3 épreuves au choix : course à dos de chameaux, course cycliste ou course à dos d’ânes pour les plus petits. Les compétiteurs viennent de tous les pays du monde (faut pas exagérer ! ) et se divisent en trois catégories : amateurs (10 km), intermédiaires (30 km) et élite (42 km). Tout le monde peut s’inscrire."
Je me rends vite compte que c'est plus qu'une course de dromadaires ce qui se passe ici. Il s'agit en fait d'un grand rassemblement humain pour encourager la cohésion entre les tribus qui sont souvent en conflit. De la politique, bien sûr, mais aussi des stands de produits locaux, des danses et des chants, un homme qui dépèce une brebis, Nyama Choma (BBQ), des vendeuses de bijoux, des habitats à visiter, des actions contre les mutilations génitales des jeunes filles, etc.
La danse des femmes
Des hommes préparent les "camels" pour le derby. Ils ne sont pas tendres avec leurs animaux. Un coup de bâton dans les genoux pour les faire plier. Ils leur attachent même les pattes pour qu'ils restent tranquilles pendant qu'ils arrangent une sorte de selle avec ces bâtons croisés pour se tenir. Il y a du bruit, de la musique, les pauvres bêtes ne sont pas à la fête. Et moi, j'en rajoute à leur souffrance... On me fait monter...et je décide que je participerai pas au Derby ! (je blague).
Le long de la route hommes, femmes et enfants attendent l'arrivée du gouverneur et autres personnalités politiques. Les cavaliers sont en selle. Tout le monde patiente. Les policiers nous repoussent sur le bord de la piste. Il a des photographes, des journalistes...ça mitraille ! Un jeune photographe m'emprunte un chargeur...
D'après mes recherches les chameaux /dromadaires sont rompus à la course. Ceux-ci ne semblent guère avoir envie de bouger. Lorsque le départ est donné, les candidats se mettent en route un par un, Derrière chaque animal il y a un jeune homme qui lui donne des coups pour qu'il avance. C'est la première course du Derby. Ce sont majoritairement des blancs qui manifestement n'en n'ont pas l'habitude. C'est peut-être pour ça qu'ils sont accompagnés pendant toute la course. Un homme blanc, barbu, d'une soixantaine d'années portant un casque colonial (ça, ça m'exaspère) nous racontera plus tard qu'il est tombé de la selle. En faisant des recherches plus tard, je m'aperçois que certaines courses sont réservées à des "professionnels" de la région.
Il arrive... William Ruto, vice président du Kenya. et aussi ... premier dirigeant en fonction à être jugé à la CPI, poursuivi pour crimes contre l’humanité depuis 2013, aux côtés du présentateur de radio Joshua Arap Sang. Il était accusé d’avoir orchestré certaines des violences postélectorales fin 2007- début 2008 qui ont fait plus de 1000 morts.
Mais ... la Cour pénale internationale a prononcé un non-lieu à l’encontre du vice-président kényan, William Ruto, poursuivi pour crimes contre l’humanité depuis 2013.
Il est arrivé en hélicoptère de Nairobi mais a fait une entrée remarquée à dos de "camel".
Uhuru Kenyatta, l'actuel président vient de la tribu des Kikuyu. William Ruto, lui est un Kalenjin, tribu de la Rift Valley dans l'ouest du Kenya (White Highlands) dont la langue est le nandi.
La danse sautée des Samburus.
Les Samburus, pasteurs nomades, parlent le Maa, comme les Masaïs. Ce sont des descendants d'éleveurs de bétails nilotes venus du Soudan.
Rencontres et discussion politique avec un jeune journaliste.
Discours et manèges !
Jour 9 : Maralal - Thomson's Falls- Aberdare
Arrivée des premiers concurrents locaux à vélo. Pour continuer par la course de dromadaires.
Nous reprenons la route pour le district de Laikipia.
Après 2 journées pleines d'images colorées et de belles rencontres, et ... un rétroviseur volé devant notre hôtel, nous voilà repartis vers la fin de notre périple.
Direction Aberdare, avec une halte aux Thomson Falls. Nous passons la nuit au Aberdare Country Club, dans une charmante maisonnette. Le soir, un employé vient allumer le feu dans notre cheminée. Il fait frais. Quelle différence avec Le Lac Turkana !
Jour 10 : Aberdare - The Ark
Lundi 3 septembre. (Jumatatu)
La journée commence par une balade à cheval. Nous nous approchons d'un troupeau de girafes. Je cherche à pratiquer mon Kiswahili... Mon guide s'improvise professeur de langue.
- Unasema Kifaransa (Tu parles français)
- Mimi ni Kifaransa. Ninasema Kifaransa. Nimekuja kutoka Ufaransa. (Je suis française. Je parles français. Je viens de France.)
- Unaona twiga ? ( Tu vois les girafes ?)
- Sioni twiga. (je ne vois pas les girafes.) Le verbe ona = voir
Puis nous rejoignons le Parc National d' Aberdare et nous passons la prochaine nuitée à l'Arche (The Ark).
Jour 11 : The Ark - Nairobi
Rencontre avec de nombreux buffles. Nous trouvons une paire de cornes sur la piste. Peu de chances que nous les rapportions à Nairobi. D'abord c'est interdit et puis l'odeur est insoutenable.
Il a été tenté, of course...
Mais c'était elles ou moi. :-)
Le massif des Aberdares culmine à 4 000 m.
L'étage inférieur du parc est une dense forêt tropicale ; c'est ici que se concentre la majorité des grands mammifères du parc. La bambouseraie qui occupe l'étage moyen des monts Aberdare est impressionnante, atypique. Quant à la zone alpine, elle est magnifique avec son tapis de lobélies et séneçons, deux plantes de lande qui couvrent, lorsqu'elles fleurissent, le sol d'un tapis bleu et jaune.
Les lodges ont la particularité d’être construits en bordure de salines, sortes de clairières où la terre est très riche en minéraux, autour d’un point d’eau. Les animaux viennent s’abreuver et manger cette terre, on peut alors facilement les observer dans un espace découvert. Les clairières sont éclairées la nuit et les lodges ont un système de sonnette que l’on peut activer si l’on veut être réveillé pendant la nuit si un animal rare fait son apparition.
La région bénéficie d'un climat humide et pluvieux toute l’année, l’humidité est permanente excepté durant la saison très sèche, de juillet à septembre. Il y fait frais la nuit, voire franchement froid pendant la saison sèche.
Les animaux les plus fréquents sont : buffles, éléphants, hyènes, singes colombus noir et blanc, léopards, rhinocéros.
Quelques espèces rares ne peuvent s’observer que dans les parcs d’altitude, comme : antilopes bongo et sunny, singes colombus, sangliers des forêts (giant forest hog)
Soudain, un jeune éléphant (Tembo) surgit de la forêt ...
Une végétation dense.
En prenant de l'altitude, les dernières belles surprises de ce voyage : un belle chute, des arbres aux allures de fantômes, des singes Colobes, des fleurs...